Correspondance de Voltaire/1755/Lettre 3077
Le célèbre M. Tronchin, qui guérit tout le monde hors moi, m’avait parlé des articles Goût[1] et Génie[2] ; mais si on en a chargé d’autres, ces articles en vaudront mieux. Si personne n’a encore cette besogne, je tâcherai de la remplir. J’enverrai mes idées, et on les rectifiera comme on jugera à propos. Je me chargerais encore volontiers de l’article Histoire[3] ; et je crois que je pourrais fournir des choses assez curieuses sur cette partie, sans pourtant entrer dans des détails trop longs ou trop dangereux. Je demande si l’article Facile[4] (style) doit être restreint à la seule facilité du style, ou si on a entendu seulement qu’en traitant le mot Facile dans toute son étendue on n’oubliât pas le style facile.
Je demande le même éclaircissement sur Fausseté[5] (morale), Feu[6], Finesse[7], Faiblesse[8], Force[9] dans les ouvrages. Je demande si, en traitant l’article Franrais[10] sous l’acception du peuple, on ne doit pas aussi parler des autres significations de ce mot.
À regard de Fornication[11], je suis d’autant plus en droit d’approfondir cette matière que j’y suis malheureusement très-désintéressé.
Tant que j’aurai un souffle de vie, je suis au service des illustres auteur de l’Encyclopédie. Je me tiendrai très-honoré de pouvoir contribuer, quoique faiblement, au plus grand et au plus beau monument de la nation et de la littérature. Je fais mes très-sincères compliments à tous ceux qui y travaillent. On m’a fort alarmé sur la santé de M. Rousseau[12] ; je voudrais bien en savoir des nouvelles.
À propos de l’article Fornication, il y a encore un autre f qui a son mérite, mais je ne crois pas qu’il m’appartienne d’en parler.
Adieu, mon cher confrère ; donnez-moi vos ordres. Je vous suis tendrement dévoué à plus d’un titre.
- ↑ L’article Goût, envoyé par Voltaire à l’Encyclopédie, est, depuis les éditions de Kehl, dans le Dictionnaire philosophique, où il forme la première section du mot Goût ; voyez tome XIX page 270.
- ↑ L’article Génie, dans l’Encyclopédie, n’est pas de Voltaire, voyez tome XIX, page 245.
- ↑ Voyez la note, tome XIX, page 346.
- ↑ Voyez tome XIX, page 68.
- ↑ Voyez ibid., page 89.
- ↑ Voyez ibid., page 118.
- ↑ Voyez ibid., page 145.
- ↑ Voyez ibid., page 72.
- ↑ Voyez ibid., page 172.
- ↑ Voyez ibid., page 174.
- ↑ Voyez ibid., page 174.
- ↑ J.-J. Rousseau, avait éprouvé une rechute dans l’été de 1755. Il se porta bien dans l’automne, mais les approches de l’hiver lui étaient cruelles. (Cl.)