Correspondance de Voltaire/1756/Lettre 3269

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Correspondance de Voltaire/1756
Correspondance : année 1756GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 138-139).

3269. — À M.  DE CHENEVIÈRES[1].

Grand merci, mon cher confrère, de votre petite pastorale[2].


Vous possédez la langue de Cythère ;
Si vos beaux faits égalent votre voix,
Vous êtes maître en l’art divin de plaire.
En fait d’amour, il faut parler et faire ;
Ce dieu fripon ressemble assez aux rois :
Le bien servir n’est pas petite affaire.
Hélas ! Il est plus aisé mille fois
De les chanter que de les satisfaire.

Il se peut pourtant que vous ayez autant de talents pour le service de Mysis[3] que vous en avez pour faire de jolis vers : en ce cas, je vous fais réparation d’honneur.

Si vous avez quelque nouvelle intéressante, je vous prie de m’en faire part, quoique en prose. Je vais faire lire Mysis à Mme  Denis la paresseuse, qui n’écrit point, mais qui vous aime véritablement.

  1. François de Cheneviéres, premier commis au bureau de la guerre, né le 22 novembre 1699, à la Rochefoucauld, mort le 13 novembre 1779, a publié Détails militaires, 1750-68, six volumes in-12o, et les Loisirs de M.  de C***, 1764, deux volumes petit in-12o. (B.)
  2. Il avait envoyé son ballet de Mysis et Glaucé à Voltaire.
  3. Dans ce ballet, l’Amour est déguisé sous le nom de Mysis.