Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3333

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 188-189).

3333. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
À Monrion, près de Lausanne, 8 mars.

J’ai été malade, madame, et j’ai perdu mon correspondant qui me mandait bien des nouvelles que j’avais l’honneur de vous envoyer. Je retombe dans mon néant. Je ne sais plus si les troupes marchent ou non ; si mon pauvre amiral Byng a eu la tête cassée. Je sais seulement que les Anglais ont la tête bien dure, ou plutôt le cœur ; que l’Allemagne va être bouleversée ; que Paris est bien triste ; que l’argent est bien rare, et que cette vie n’est pas semée de roses. La chèvre[1] n’a remporté de Paris que le mauvais quolibet : Attendez-moi sous l’orme. Portez-vous bien, madame ; vivez avec votre digne amie ; méprisez ce malheureux monde comme il le mérite ; conservez-moi vos bontés.

  1. Le comte d’Argenson, exilé à sa terre des Ormes.