Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3348

La bibliothèque libre.
Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 202).

3348. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Monrion, 7 avril.

Il paraît que la nation paye les taxes avec une répugnance que tous les parlements semblent favoriser. On est obligé d’envoyer des troupes à Besançon pour contenir les conseillers et les écoliers. Le parlement est plus effarouché que jamais. Les belles déclarations de Damiens qu’il n’avait d’autres complices que tous ceux dont il avait entendu les discours dans les salles du Palais, ses aveux qu’il n’avait eu en vue que de venger le parlement et le peuple, ne rapprocheront pas les esprits. On mande que le jour de l’exécution il y avait plus de troupes dans Paris que du temps de la Fronde. On ne parle que d’un mécontentement général, qui fait un triste contraste avec le nom de Bien-Aimé que cette nation avait si justement donné à son roi.

Feu Bernard, fils de Samuel Bernard, a fait en mourant banqueroute, comme son père l’avait faite adroitement de son vivant. J’y suis pour environ huit mille livres de rente. Il y a six ans que cette affaire dure : je pourrais en retirer quelque chose ; mais on me répond froidement que le parlement ne se mêle plus de rendre justice.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.