Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3414

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 262).

3414. — À MADAME LA COMTESSE DE LUTZELBOURG.
Aux Délices, 12 septembre.

Voilà de grandes révolutions, madame, et nous ne sommes pas encore au bout. On dit que dix-huit mille Hanovriens viennent de débarquer à Stade. Ce n’est pas une petite affaire. Je souhaite que M. de Richelieu pare sa tête des lauriers qu’on a fourrés dans sa poche. Je souhaite à monsieur votre fils honneur et gloire sans blessure, et à vous, madame, une santé inaltérable. Le roi de Prusse vient de m’écrire une lettre très-touchante ; mais j’ai toujours l’aventure de Mme Denis sur le cœur. Si je me portais bien, j’irais faire un tour à Francfort dans l’occasion. On dit que, malgré les belles et bonnes paroles du roi, messieurs des plaids font encore les difficiles[1]. Je ne puis le croire. Mais tout cela importe fort peu à un philosophe qui vit dans la retraite, et qui n’a ni rois, ni parlements, ni prêtres. J’en souhaite autant à tout le genre humain. Adieu, madame. L’oncle et la nièce vous seront toujours bien attachés.

  1. Voyez tome XVI, pages 99-100.