Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3421

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 267).
3421. — À M.  TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 27 septembre.

Vous pourriez bien me faire un plaisir en vous confiant à mon amitié et à ma discrétion. Je sais à qui[2] Mme  la margrave de Baireuth s’est adressée pour une négociation qui n’a pas réussi. Vous avez souvent des conversations avec un homme[3] qui est au fait, quoiqu’il soit éloigné du cabinet et que les idées de ce cabinet puissent changer d’un jour à l’autre. Ses lumières et son expérience, jointes à sa correspondance, peuvent le mettre en état de juger si on est effectivement dans l’intention d’abandonner le roi de Prusse à toute la rigueur de sa mauvaise destinée, en cas qu’il soit sans ressource, et si on veut détruire absolument une balance qu’on a jugée longtemps nécessaire. Vous pourriez aisément, dans la conversation, savoir ce qu’en pense l’homme instruit dont j’ai l’honneur de vous parler. Comptez que ni vous ni lui ne serez point compromis ; fiez-vous à ma parole d’honneur, et ne regardez point la prière que je vous fais comme l’effet d’une vaine curiosité. J’ai quelque intérêt à être instruit, et vous me rendriez un très-grand service de m’informer de ce que vous aurez pu conjecturer.

Si M.  de Soubise ne s’est pas retiré en deçà d’Eisenach, il est à croire que le roi de Prusse lui a livré bataille. Je peux vous assurer qu’il en avait une terrible envie.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Le maréchal de Richelieu.
  3. Le cardinal de Tencin.