Correspondance de Voltaire/1757/Lettre 3443

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Correspondance de Voltaire/1757
Correspondance : année 1757GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 291-292).

3443. — À M. TRONCHIN, DE LYON[1].
Délices, 5 novembre.

Les gens[2] dont je vous parlais dans mes dernières lettres me paraissent toujours dans le plus grand désespoir, et se vantent de résolutions extrêmes ; mais, pour se consoler, vous voyez qu’ils prennent tout l’argent qu’ils peuvent[3]. Les héros ressemblent toujours par un coin aux voleurs de nuit : ils vont droit au coffre-fort ; après quoi, ils étalent de grands sentiments. Je n’ai pas encore tiré bien au clair l’affaire de Berlin. Je ne sais si le général Hadish[4] aura pris dans cette ville autant d’argent que les Prussiens en ont tiré de Leipsick.

Au reste, je n’aurai de nouvelles des principaux personnages que dans un mois. On[5] a été si occupé qu’on a fait un quiproquo en cachetant. On m’a envoyé une lettre pour une autre. Cette méprise pourrait faire croire qu’on n’a pas l’esprit bien libre.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. La margrave de Baireuth et Frédéric II.
  3. Les Prussiens avaient mis à contribution Leipsick.
  4. Ou mieux Haddick, général autrichien qui pénétra dans Berlin, et mit aussi la ville à contribution.
  5. La margrave.