Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3543
Je suis bien touché du souvenir de M. le comte de Lutzelbourg. Je lui souhaite des campagnes heureuses pendant l’été, et de bons quartiers d’hiver ; point de coups de fusil, de grosses pensions et des honneurs, et quelquefois une douce retraite à l’île Jard avec la plus aimable et la plus respectable femme du monde, qui est madame sa mère.
La conversation du roi de Prusse[1] et de l’Anglais Mitchell est imprimée, et n’en est guère plus vraie. Il se peut faire à toute force qu’un ministre anglais ait parlé de Dieu ; mais il ne se peut qu’il ait dit au marquis de Brandebourg que Dieu était le seul à qui l’Angleterre ne donnât pas de subsides, attendu que le marquis n’en a jamais reçu, et que le Danemark est actuellement le seul État qui reçoive des guinées.
Je vous supplie, madame, de vous tenir bien chaudement. Je n’ai plus de mouches ; mais j’ai de la neige, et autant qu’il y en a sur l’Aller. Portez-vous bien, et moquez-vous du monde. Mille respects.
- ↑ Voyez lettres 3509 et 3512.