Correspondance de Voltaire/1758/Lettre 3624

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Correspondance de Voltaire/1758
Correspondance : année 1758GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 39 (p. 460).

3624. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
(à vous seul.)
24 juin.

Mon cher ange, encore un mot avant que je parte pour le Palatinat. Il paraît, par le compte que me rend le confident, que la tante[1] prétend que la santé de la nièce ne lui permettra pas de faire un voyage à Lyon. Cette extraordinaire tante dit qu’elle n’a à présent qu’un appartement, et qu’elle n’en aura deux qu’en 1759, à la Saint-Jean. Elle ajoute qu’alors M.  de Pont-de-Veyle viendra ; et moi, j’ajoute qu’il serait bien peu convenable que les deux frères ne vinssent point. Nous les logerions aux Délices, nous leur donnerions la comédie ; enfin, je ne peux me défaire de l’idée charmante de vous revoir.

Je reçois dans ce moment la lettre de Diderot. Vous avez dû voir Imagination et Idolâtrie. Je crois que ce dernier article, tout neuf qu’il est, est si vrai qu’il passera chez l’examinateur théologien, pourvu qu’il ne lui soit pas donné sous mon nom. Donnez-moi, mon cher ange, la consolation de recevoir une lettre de vous, dans un mois, aux Délices, à mon retour de Manheim. Adieu, mon cher et respectable ami.

P. S. J’ai oublié de vous dire que Tronchin a été chargé de l’emprunt des six millions que la ville de Lyon fournit au roi. Puisse-t-il réussir auprès de la tante comme auprès du contrôleur général !

  1. Mme  de Grolée.