Correspondance de Voltaire/1759/Lettre 3832

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Correspondance de Voltaire/1759
Correspondance : année 1759GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 82).

3832. — À MADAME D’ÉPINAI.

Madame, j’ai été toute ma vie en butte à la calomnie. Vous m’accusez publiquement d’avoir mangé du lard ; je vous jure devant Dieu que… que… que vous vous êtes trompée une fois en votre vie. Je suis dans un état pitoyable, sans l’avoir mérité, et affaibli par trois semaines continuelles de perdition de ma chétive substance. Si vous honorez mes pénates de votre présence réelle, amenez avec vous quelque philosophe ou quelque écuyer : car, pour moi, je n’ai ni jambes, ni tête. Il ne me reste pour tout potage que mon derrière, qui fait mon malheur. J’oubliais mon cœur ; il est à vous, madame, puisqu’il bat encore un peu, et c’est avec le plus tendre respect. V.

Permettez-moi de demander des nouvelles de l’inoculable[1], et de faire aussi mille compliments à M. de Gauffecourf[2] ; nous l’attendons demain.

  1. Le jeune d’Epinai.
  2. Voyez tome XXXVIII, page 329.