Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4144

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Correspondance de Voltaire/1760
Correspondance : année 1760GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 40 (p. 411-412).

4144. — À M.  JEAN SCHOUVALOW.
Aux Délices, 7 juin.

Monsieur, par une lettre de M.  de Kaiserling votre ami, reçue aujourd’hui en même temps que la vôtre, je vois que vous avez eu la bonté de partager toutes mes inquiétudes, et je me flatte qu’elles sont calmées. Les ordres qu’on a donnés à Hambourg mettront probablement un frein à l’avidité des libraires ; j’aurai le temps de consacrer tous mes soins au désir de vous plaire ; je pourrai attendre en paix les nouvelles instructions dont Votre Excellence m’a flatté. On se conformera en tout à vos volontés, tant dans la rédaction du second volume que dans les corrections nécessaires au premier. Ce qui n’était d’abord pour moi qu’une occupation agréable devient aujourd’hui mon principal devoir ; il semble que vous m’ayez fait un de vos concitoyens, en me chargeant d’écrire une histoire qui doit faire voir combien votre pays est respectable. Le jeune M.  de Woronzow m’a fait l’honneur de venir plusieurs fois dans ma retraite, et a augmenté mon zèle pour votre patrie. Tous les jeunes gens de votre cour que j’ai vus m’ont paru fort au-dessus de leur âge ; mais M.  de Woronzow m’a paru au-dessus d’eux. J’en excepte toujours M.  de Soltikof, car je ne peux donner à personne la préférence sur lui. Le mérite de tant de voyageurs de votre pays est une meilleure réfutation des injures atroces de certaines gens que tout ce que je pourrais dire. Je souhaite passionnément que les Autrichiens et les Français secondent cette année vos nobles efforts, et nous procurent une paix glorieuse devenue nécessaire à l’Europe,

J’ai l’honneur d’être, avec les sentiments les plus respectueux et un attachement inviolable, etc. V,