Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4301

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Correspondance : année 1760
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 26-27).

4301. — À M.  LE CONSEILLER TRONCHIN[1].
21 octobre.

Voilà donc les Autrichiens et les Russes qui soupent et couchent dans Berlin avec les Brandebourgeoises, après que les Prussiens ont soupé et couché dans Dresde avec des Saxonnes. C’est la loi du talion. Luc méritait d’être puni. C’est un vaurien. Mais j’ai peur qu’il ne soit trop puni, et que nous ne soyons un jour les dupes de tout ceci sur terre comme nous l’avons été sur mer.

Les Russes ont pris pour eux à Berlin toutes les vieilles : soixante-dix, quatre-vingts, quatre-vingt-dix, nul âge ne les rebutait ; tout était bon. Ils disaient qu’il fallait laisser les jeunes aux Autrichiens, qui ne sont pas si robustes que les Russes. Mon Dieu ! que je suis loin d’être Russe, et que vous en êtes près.

Je vous embrasse ex toto corde.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.