Correspondance de Voltaire/1760/Lettre 4388

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Correspondance : année 1760
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 122).

4388. — À M.  CORNEILLE[1].
Ferney, 25 décembre.

Mademoiselle votre fille, monsieur, me paraît digne de son nom par ses sentiments. Ma nièce, Mme  Denis, en prend soin comme de sa fille. Nous lui trouvons de très-bonnes qualités, et point de défauts. C’est une grande consolation pour moi, dans ma vieillesse, de pouvoir un peu contribuer à son éducation. Elle remplit tous ses devoirs de chrétienne. Elle témoigne la plus grande envie d’apprendre tout ce qui convient au nom qu’elle porte. Tous ceux qui la voient en sont très-satisfaits. Elle est gaie et décente, douce et laborieuse ; on ne peut être mieux née. Je vous félicite, monsieur, de l’avoir pour fille, et vous remercie de me l’avoir donnée. Tous ceux qui lui sont attachés par le sang, et qui s’intéressent à sa famille, verront que si elle méritait un meilleur sort, elle n’aura pas à se plaindre de celui qu’elle aura eu dans ma maison. D’autres auraient pu lui procurer une destinée plus brillante ; mais personne n’aurait eu plus d’attention pour elle, plus de respect pour son nom, et plus de considération pour sa personne. Ma nièce se joint à moi pour vous assurer de nos sentiments et de nos soins.

  1. Jean-François, père de Marie-Françoise ; voyez la note, page 47.