Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4436

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Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 175).

4436. — À M.  MARMONTEL.
À Ferney, 27 janvier.

Après avoir été tant applaudi en vers[1] à l’Académie, il faut que vous y soyez applaudi en prose, mon cher ami, dans un beau discours de réception. Vous fûtes d’abord mon disciple ; vous êtes devenu mon maître ; il faut que vous soyez mon confrère. Il me semble que cette place vous est due à plus d’un égard : ce sera une récompense du mérite, et une consolation de l’injustice que vous avez essuyée. Je ne regretterai Paris que le jour où je voudrais vous entendre et vous répondre. Je partagerai du moins tous vos succès, du fond de mes retraites. Si ma plume pouvait suivre mon cœur, je vous en dirais davantage ; mais ma mauvaise santé me force d’être court quand l’amitié voudrait me rendre bien long. Nous avons ici M.  de Ximenès, votre confrère en poésie. Il me paraît n’avoir nulle envie d’être le Rodrigue de la Chimène que nous possédons. Sur le nom du père de Chimène, mes respects à votre voisine[2].

  1. L’Académie française, en 1760, avait couronné l’auteur de l’Épître aux poëtes, intitulée les Charmes de l’Étude. C’était le troisième triomphe de Marmontel en ce genre, et Voltaire le lui avait prédit. (Cl.)
  2. Sans doute Mlle  Clairon.