Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4458
Mon cher Colini, vous voilà agrégé au nombre des bons auteurs[1]. Votre livre m’a paru très-bien fait, très-commode, et très-utile : je vous en fais mes compliments et mes remerciements. Je donnerai volontiers les mains à ce que vous me proposez[2], et à tout ce qui pourra vous être agréable.
Vous m’avez envoyé une traduction d’opéra[3], et je vous envoie une tragédie[4]. Il est vrai que je ne prends pas souvent la liberté d’écrire à votre adorable maître ; mais je suis vieux, infirme, et inutile : je ne dois songer qu’à mourir tout doucement, comme font force honnêtes gens qui ne sont pas plus nécessaires que moi au tripot de ce monde. Je n’ai guère de quoi amuser un grand prince du fond de mes retraites entre le mont Jura et les Alpes : mais je lui serai attaché jusqu’au tombeau, et je vous aimerai toujours.