Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4481
Voici, monsieur, mon ultimatum[1] à M. Deodati. Monsieur le censeur hebdomadaire[2], à qui je fais mes compliments, peut insérer ce traité de paix dans son journal.
Je regarde le jour du succès du Père de famille comme une victoire que la vertu a remportée, et comme une amende honorable que le public a faite d’avoir souffert l’infâme satire intitulée la Comédie des Philosophes.
Je remercie tendrement M. Diderot de m’avoir instruit d’un succès auquel tous les honnêtes gens doivent s’intéresser ; je lui en suis d’autant plus obligé que je sais qu’il n’aime guère à écrire. Ce n’est que par excès d’humanité qu’il a oublié sa paresse avec moi ; il a senti le plaisir qu’il me faisait. Je doute qu’il sache à quel point cette réussite était nécessaire. Les affaires de la philosophie ne vont point mal ; les monstres qui la persécutaient seront du moins humiliés.
J’avais demandé à M. Thieriot l’interprétation de la Nature[3] ; il m’a oublié.
Mille tendresses à tous les frères.
- ↑ Voltaire appelait ainsi ses Stances à M. Deodati de Tovazzi, du 1er février 1761 ; voyez tome VIII.
- ↑ Journal déjà cité dans la lettre 4420.
- ↑ Voyez la note, tome XL, page 424.