Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4529

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Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 274).

4529. — À M. DE VARENNES[1].
Ferney, 22 avril.

Vous ne pouvez douter, monsieur, que je ne reçoive avec bien du plaisir la mainlevée de l’anathème prononcé contre mes troupes[2]. Il est bien difficile d’excommunier les soldats sans que les éclaboussures des foudres sacrées ne frappent un peu les officiers. La contradiction ridicule d’être payé par le roi, et de n’être pas enterré par son curé, est d’ailleurs une de ces impertinences les plus dignes de nos lois et de nos mœurs. Si l’on parvient à nous défaire de cette barbarie, on rendra service à la nation. J’attends le livre[3] avec impatience ; mais je doute fort qu’il produise un autre effet que celui de nous convaincre de notre sottise. Rien de plus commun que de nous prouver que nous avons tort, et rien de plus rare que de nous corriger.

J’ai l’honneur d’être, avec l’estime que vous m’avez inspirée, etc.

  1. Probablement Jacques de Varennes, mort vers 1780, ancien greffier des états de Bourgogne.
  2. Les comédiens.
  3. De Huerne de La Mothe ; voyez la note, tome XXIV, page 239.