Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4610

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Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 368-369).

4610. — À M. L’ABBÉ D’OLIVET.
Aux Délices, 14 juillet.

Je viens de relire, care Olivete, votre belle Histoire de l’Académie ; je tombe sur la page 72[1], où vous invitez les académiciens à ne se point refuser les secours d’une critique faite par leurs confrères. Ne me les refusez donc pas, et ayez la bonté de lire avec attention la préface du Cid, que j’envoie à M. Duclos, notre secrétaire, en attendant les remarques sur toute la tragédie des Horaces.

Quelque occupé que je sois d’ailleurs, j’aurai fini avant que les libraires puissent commencer. La gloire de la France et de l’Académie, que je crois intéressée à cette entreprise, me donnera des forces, et me fera oublier ma faible santé.

Je ne suis pas en peine de souscriptions, puisque le roi donne l’exemple. Mais je voudrais pouvoir imprimer dans le programme les noms des académiciens qui favoriseront le nom de Corneille, et les mettre à la tête de la nation, qui doit encourager ce travail.

Le prix sera très-modique, il ne passera pas quarante livres ; et si quelque particulier oublie qu’il a souscrit, les princes s’en souviendront aussi bien que tous ceux qui, sans être princes, sont soigneux de leur honneur.

Mme de Pompadour souscrit pour cinquante exemplaires, M. le duc de Choiseul pour vingt, d’autres pour quinze, pour douze. Enfin je me flatte que la nation fera voir qu’elle sait honorer le nom d’un grand homme dans les temps les plus difficiles. Corneille m’appelle : je vous quitte en vous le recommandant.

  1. De l’édition de 1743.