Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4647

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Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 415-416).

4647. — À M. DU CLOS[1].
21 auguste.

J’ai eu l’honneur, monsieur, de vous adresser l’épître dédicatoire à la compagnie, la préface sur le Cid, le commentaire perpétuel sur Cinna et les Horaces : voici le commentaire sur le Cid, M. d’Olivet en a un qui est un peu plus ample ; mais il sera aisé de rendre les deux exemplaires conformes, (|uaiul on aura eu la bonté de me les renvoyer. MM. Cramer n’attendent plus que la sanction de l’Académie pour commencer l’impression. Mon parti est pris de commenter toutes les tragédies ; il y aura six ou sept gros volumes, ou huit in-4° Comme j’ai fixé le prix à deux louis d’or, il y aurait beaucoup de perte, au lieu de bénéfice pour Mlle Corneille, sans le secours que le roi nous donne et sans la générosité des premiers de la nation.

Je ne mêlerai en aucune façon de ce qu’on appelle improprement souscriptions. Quiconque voudra avoir le livre n’aura qu’à envoyer son nom au libraire de l’Académie, ou au portier de l’Académie, ou écrire directement à MM. Cramer. Je donnerai mon temps, mon travail et mon argent, pour cette entreprise ; et, dès que les Cramer auront commencé, le public aura un volume tous les trois mois. Je vous demande en grâce de seconder mon zèle.

Ne pourriez-vous pas nommer des commissaires pour examiner chacun de mes commentaires ? Il me semble que M. Saurin pourrait nous rendre de grands services. Mais il n’y a pas un moment à perdre : songez que j’ai soixante-huit ans, que je n’ai qu’un souffle de vie, et que si je mourais inter opus, l’ouvrage irait comme moi à tous les diables.

Je vous embrasse de tout mon cœur.

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.