Correspondance de Voltaire/1761/Lettre 4648

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Correspondance : année 1761
Garnier (Œuvres complètes de Voltaire, tome 41p. 416-417).

4648. — À M. DAMILAVILLE.
Le 24 auguste.

M. Legouz[1], maître des comptes, à Dijon, jeune homme qui aime les arts et les Cacouacs, veut bien qu’on sache que le Droit du Seigneur, alias l’Écueil du sage, est de lui. Il m’envoie cette petite addition et correction, que les frères jugeront absolument nécessaire. Je crois que la pièce de M. Legouz restera au théâtre, et qu’ainsi le nom de philosophe y restera en honneur. Je m’imagine que frère Platon ne sera pas fâché.

Il est absolument nécessaire que M. Legouz soit reconnu. Il compte enjoliver cette petite drôlerie par une préface en l’honneur des Cacouacs, qui sera un peu ferme, et qui parviendra en cour, comme dit le peuple. Il y aura aussi une épître dédicatoire qui ira en cour. Mais si un gros fin de Préville s’obstine à dire qu’il croit l’ouvrage d’un certain V…, tout est manqué, tout est perdu.

Il est absolument nécessaire qu’on ne me soupçonne pas de ce que je n’ai pas fait. On doit faire entendre aux comédiens qu’ils se font grand tort à eux-mêmes s’ils s’opiniâtrent à me charger de cette iniquité. C’est M. Legouz, vous dis-je, qui a fait cette coïonnerie.

J’ai reçu de mes frères les Recherches sur les Théâtres de ce Beauchamps[2], et il n’y a pas grand profit à faire. C’est le sort de la plupart des livres. Il faudra tâcher que les Commentaires de Corneille ne méritent pas qu’on en dise autant. C’est une terrible entreprise que ce Commentaire ; j’y perds mon temps et les yeux.

Comment se porte frère Thieriot ? Il est bien heureux de ne rien commenter ; s’il lui fallait faire des notes sur Agésilas et Attila, il serait aussi embarrassé que moi.

Voici une petite lettre pour frère d’Alembert[3] ; dirons-nous aussi frère Dumolard ? Ce sera comme vous voudrez.

  1. Voyez la note, tome VI, page 3 ; Voltaire renonça à prendre ce nom par égard pour le président Fyot de La Marche, dont Legouz était le parent. Voyez la lettre à d’Argental, du 7 septembre, n° 4664.
  2. Voyez la note page 393.
  3. Cette lettre est perdue, à moins que ce ne soit celle qui est ci-après, à la date du 31, et qui, en effet, est petite ; mais je n’ose sur cela seul faire la transposition. (B.)