Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4882

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4882. — À M. DAMILAVILLE.
17 avril.

J’ai l’honneur de vous envoyer, monsieur, de la part de M. Friche-Baume, libraire, la brochure ci-jointe[1]. Vous êtes assez affermi dans notre sainte religion pour lire sans danger ces impiétés ; mais je ne voudrais pas que cet ouvrage tombât entre les mains de jeunes gens qu’il pourrait séduire.

On est toujours indigné ici de l’absurde et abominable jugement de Toulouse. On ne s’en soucie guère à Paris, où l’on ne songe qu’à son plaisir, et où la Saint-Barthélémy ferait à peine une sensation. Damions, Calas, Malagrida, une guerre de sept années sans savoir pourquoi, des convulsions, des billets de confession, des jésuites, le discours et le réquisitoire de Joly de Fleury, la perte de nos colonies, de nos vaisseaux, de notre argent ; voilà donc notre siècle ! Ajoutez-y l’Opéra-Comique, et vous aurez le tableau complet.

On m’a donné cette lettre pour M. Saurin ; je vous supplie de vouloir bien la lui faire parvenir.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Ribienbotte.

  1. Le Petit Avis à un jésuite (voyez tome XXIV, page 341), ou bien Extrait de la Gazette de Londres ; voyez ibid., page 291.