Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 4936

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4936. — À M. DEBRUS[1],
pour madame la veuve calas.

Par les lettres que je reçois du Languedoc, on est animé plus que jamais contre les Calas. Certainement on refusera les pièces jusqu’à ce que le conseil du roi ordonne qu’elles soient envoyées à la cour.

Il faut donc présenter requête pour que ces pièces soient remises.

On pense qu’il est nécessaire que les deux pièces originales, c’est-à-dire les lettres de la mère et du fils, soient imprimées à Paris : elles disposeront le public : elles l’animeront, et la cour, déjà instruite, ne pourra s’empêcher de faire venir la procédure de Toulouse.

Il est nécessaire que la veuve aille chez M. Tronchin, rue Neuve-Saint-Augustin. Il l’attend ; il lui donnera la protection de M. Chaban[2], l’homme du monde le plus capable de la servir.

M. de La Popelinière hait plus l’injustice qu’il n’aime le parlement de Toulouse ; mais on peut se passer de lui. Il n’en est pas ainsi de M. Tronchin. Il faut absolument aller chez lui.

Mon avis est qu’on touche le public par l’impression de la lettre de la mère et du fils, auxquels on ne peut répondre, et que le cri public force le chancelier à interposer l’autorité royale.

M. et Mme d’Argental protégeront vivement cette famille infortunée.

  1. Éditeur, A. Coquerel.
  2. Intendant des postes.