Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 5051

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Correspondance : année 1762GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 42 (p. 249-250).

5051. — À M. DIDEROT.
25 septembre.

Eh bien ! illustre philosophe, que dites-vous de l’impératrice de Russie ? Ne trouvez-vous pas que sa proposition est le plus énorme soufflet qu’on pût appliquer sur la joue d’un Omer ? En quel temps sommes-nous ! c’est la France qui persécute la philosophie, et ce sont les Scythes qui la favorisent ! M. de Schouvalow me charge d’obtenir de vous que la Russie soit honorée de l’impression de votre Encyclopédie. M. de Schouvalow est fort au-dessus d’Anacharsis, et il a toute la ferveur de ce zèle que donnent les arts naissants, et que nous avions sous François Ier.

Je doute que vos engagements pris à Paris vous permettent de faire à Riga la faveur qu’on demande ; mais goûtez la consolation et l’honneur d’être recherché par une héroïne, tandis que des Chaumeix, des Berthier, et des Omer, osent vous persécuter. Quelque parti que vous preniez, je vous recommande l’inf… ; il faut la détruire chez les honnêtes gens, et la laisser à la canaille grande ou petite, pour laquelle elle est faite.

Je vous révère autant que je le dois. Voulez-vous m’envoyer votre réponse à M. de Schouvalow ? Il n’y a qu’à la donner à notre frère.