Correspondance de Voltaire/1762/Lettre 5106

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5106. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
18 décembre.

Autres considérations présentées à mes anges au sujet du futur. Nos dames sont aujourd’hui beaucoup plus contentes : je l’avais bien prévu. Il avait fait un traité sur le mariage, que Mme  Denis prétendait ressembler au catéchisme d’Arnolphe dans l’École des femmes[1]. Il s’est bien donné de garde de me lire ce rabâchage ; mais s’il épouse notre petite, nous lui ferons abjurer son catéchisme par une clause expresse du contrat, et il le brûlera en notre présence. Je crois que de notre demi-philosophe on pourra faire un philosophe complet, en rabotant un peu.

Je persiste à croire qu’on peut en toute sûreté l’employer aux grandes négociations avec la république de Genève. Mes anges, mon idée est divine ! mes anges, il plaira beaucoup aux Genevois, car il est sérieux, et il raisonne. Figurez-vous, encore une fois, combien cette place nous ajusterait. Allons, monsieur le duc de Praslin, faites quelque chose en faveur de Cinna, et des belles scènes d’Horace et de Pompée. Mes anges, regardez cette affaire comme la plus digne de vos soins angéliques.

Vous y réussirez, n’est-il pas vrai ? Mon Dieu, quel plaisir !

  1. Acte III, scène ii.