Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5196

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5196. — DU CARDINAL DE BERNIS.
Au château du Plessis, par Senlis, le 17 février.

À quel jeu vous ai-je perdu, mon cher confrère ? Depuis votre lettre où vous me parlez de la visite de M. de Richelieu, et de la refonte de Cassandre, je n’ai plus entendu parler de vous que par le bruit des histoires générales et particulières que vous préparez, et des jolies lettres que vous écrivez à M. d’Alembert. Pourquoi suis-je tombé dans votre disgrâce ? Vos lettres ne me sont-elles pas parvenues, ou n’avez-vous pas reçu mes réponses ? J’ai été fort exact. Je ne saurais penser que vous m’ayez totalement quitté ; si ce n’est qu’une infidélité passagère, je sens que je vous aime assez pour vous la pardonner. Dites-moi donc ce que c’est, et ne me laissez pas croire que je suis un sot de vous aimer, et vous un ingrat de ne pas répondre à tous les sentiments qui m’attachent à vous pour la vie.