Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5216
Je n’ai jamais conçu, monsieur, comment vous vous étiez fait esclave, pouvant être libre. Votre Journal avait une grande réputation ; vous y auriez travaillé dans le château de Ferney beaucoup plus facilement qu’ailleurs, étant à un pas d’une ville de commerce, et pouvant établir toutes vos correspondances sans demander permission à personne. Malheureusement j’ai prêté cette habitation pour une année. Je ne vous conseille pas d’aigrir M. le duc de Bouillon ; si je peux vous servir auprès de lui, dites-moi précisément ce que vous lui demandez ; prescrivez-moi aussi ce que je dois écrire à M. l’abbé Coyer : vous serez servi sur-le-champ. Vous me mandâtes, il y a quelque temps, que je vous avais écrit à Bouillon ; cela m’étonna beaucoup. Il faut que ce soit quelqu’un qui ait pris mon nom, car il me semble qu’il y a plus de quatre mois que je ne vous ai adressé de lettre dans ce pays-là. Je suis malade, je perdsla vue ; mais je ne perdrai jamais ni l’envie de vous servir, ni l’estime véritable avec laquelle j’ai l’honneur d’être, monsieur, votre, etc.
- ↑ L’original est à Bruxelles, Bibliothèque royale, mst 11,582 ; il est daté du 2 mars, et non du 7. (Note de M. F. Brunetière.)