Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5375

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5375. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
16 auguste.

J’envoie à mes divins anges la lettre de M. Douet ou Drouet, fermier général, lequel fermier paraît n’avoir point du tout d’envie de donner au neveu de Pierre Corneille un nouvel emploi ; et il le trouve posté à merveille au port Saint-Nicolas. Tout ce que je souhaite, c’est de voir un Drouet mesurer du bois et du charbon, et un Corneille fermier général.

On m’a envoyé des choses assez plaisantes sur les sept cent quarante millions de M. Roussel[1]. Je l’avais pris d’abord pour le trésorier d’Aboul-Cassem. Messieurs les Parisiens doivent regorger d’or et d’argent.

Au reste, mes anges voient que j’ai un peu d’occupation ; je les supplie très-instamment de m’excuser auprès de M. de La Marche si je n’ai pas l’honneur de lui écrire. Je n’ai pas eu encore le temps d’écrire à M. de Chauvelin ; à peine ai-je celui de vaquer à mes petites affaires. Un pauvre laboureur est bien empêché quand il faut faire des tragédies, et des commentaires sur des tragédies : c’est bien pis pour l’histoire ; le pauvre homme n’en peut plus, il demande quartier.

Je baise humblement le bout de vos ailes, mes anges.

  1. Voyez page 499.