Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5464

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5164. — À M.  LE PRINCE DE LIGNE.
À Ferney, 20 novembre.

Agréez aussi, monsieur le prince, avec les remerciements de ma nièce et de nos enfants, ceux d’un vieillard : car tous les âges sont également sensibles à votre mérite. Il est vrai que je ne peux plus jouer la comédie ; mais il en est de ce plaisir comme de tous ceux auxquels il faut que je renonce : je les aime fort dans les autres : ma jouissance est de savoir qu’on jouit. Je désire plus que je n’espère de vous revoir entre nos montagnes ; l’apparition que vous y avez faite nous a laissé des regrets qui dureront longtemps. Nous serions trop heureux si nous étions faits pour vous posséder, comme nous le sommes pour vous aimer et pour vous respecter. Le vieux malade s’acquitte parfaitement de ces deux devoirs.