Correspondance de Voltaire/1763/Lettre 5486

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5486. — À M.  BAILLON,
intendant de lyon.

Béni soit l’Ancien Testament, qui me fournit l’occasion de vous dire que, de tous ceux qui adorent le Nouveau, il n’en est pas un qui vous soit plus dévoué que moi ! Un descendant de Jacob, fripier comme tous ces messieurs, en attendant le Messie, attend aussi votre protection, dont il a, pour le moment, plus de besoin. Les gens du premier métier de saint Matthieu, qui fouillent les Juifs et les chrétiens aux portes de votre ville, ont saisi je ne sais quoi dans la culotte d’un page Israélite appartenant au circoncis qui a l’honneur de vous rendre ce billet en toute humilité. Je joins au hasard mes Amen aux siens.

Je n’ai fait que vous entrevoir à Paris comme Moïse vit Dieu[1]. Il me serait bien doux de vous voir face à face, si toutefois le mot de face est fait pour moi.

Conservez, s’il vous plaît, vos bontés à votre ancien et éternel serviteur, qui vous aime de cette affection tendre mais chaste qu’avait le religieux Salomon pour ses trois cents Sulamites.

  1. Exode, xxxiii, 11.