Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5511

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Correspondance : année 1764GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 43 (p. 76-77).

5511. — À M.  DUCLOS.
6 janvier.

Quelque répugnance que j’aie toujours eue, monsieur, à mettre mon nom à la tête de mes ouvrages, et quoique aucune de mes dédicaces n’ait été accompagnée de la formule ordinaire d’une lettre ; quoique cette formule m’ait paru toujours très-peu convenable, et que j’en sois l’ennemi déclaré ; cependant, puisque l’Académie veut cette pauvre formule, inconnue à tous les anciens, puisqu’elle veut mon nom, elle sera obéie[1].

Je suppose que M. Cramer vous a envoyé sous enveloppe, à l’adresse de M. Janel, le livre[2] que vous demandez. Je sais que plusieurs personnes considérables, dont quelques-unes sont connues de vous, en ont été assez contentes. Mais je doute que cette requête, présentée par l’humanité à la puissance, obtienne l’effet qu’on s’est proposé : car je ne doute pas que les ennemis de la raison ne crient très-haut contre cet ouvrage. L’auteur, quel qu’il soit, fera plus de cas de votre suffrage qu’il ne craindra leurs clameurs. Quel homme est plus en droit que vous, monsieur, d’opposer sa voix aux cris des fléaux du genre humain ?

  1. Voyez la Dédicace, tome XXXI, page 177.
  2. Traité sur la Tolérance ; voyez tome XXV, pape 13.