Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5555

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5553. — DE FRÉDÉRIC,
landgrave de hesse-cassel.
Cassel, 6 février.

Monsieur, j’ai reçu, avec tout le plaisir imaginable, votre lettre avec le Traité sur la Tolérance. Je l’ai lu, et on n’a pas de peine à y reconnaître son auteur, toujours plein de feu, d’idées neuves, et d’un jugement, admirable. Le sort de cette pauvre famille des Calas m’a touché jusqu’au fond de l’âme. Comment se peut-il que, dans un siècle aussi éclairé que celui où nous vivons, il se commette encore de pareilles choses, qui feraient honte aux siècles les plus reculés ? J’ai eu soin de vous faire remettre par un marchand de Genève un petit secours pour cette pauvre famille. Que je serais charmé si je pouvais espérer de vous voir à ma cour ! Je suis au désespoir que votre santé vous en empêche. Il faudra donc, malgré moi, me borner à vous prier de me donner souvent de vos nouvelles, auxquelles je m’intéresse beaucoup.

Je lis et relis vos ouvrages toujours avec le même plaisir. J’ai vu représenter Olympie à Manheim avec un plaisir infini ; et en dernier lieu, sur mon théâtre, les comédiens français nous ont donné Sémiramis, et ils se sont surpassés.

Je suis avec beaucoup d’amitié et d’estime, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Fredéric, landgrave de Hesse.