Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5568

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5568. — À M.  LE COMTE D’ARGENTAL.
20 février.

L’un de mes anges peut donc écrire de sa main : Dieu soit loué ! N’ont-ils pas bien ri tous deux du propos de la virtuose Clairon ? Votre conspiration me paraît de plus en plus très-plaisante ; je ris aussi dans ma barbe. Je vous réponds que si nosseigneurs du tripot y ont été attrapés, nosseigneurs du parterre y seront pris. Puissions-nous jouir de ce plaisir vite et longtemps !

À l’égard d’Olympie, je n’ai plus qu’un mot à dire : c’est qu’à l’impossible nul n’est tenu, et qu’il m’est absolument impossible de faire le remue-ménage qu’on me propose. J’ai tourné la chose de mille façons ; je me suis essayé, j’ai travaillé, et mon instinct m’a dit : Vieux fou, de quoi t’avises-tu de vouloir mieux faire que tu ne peux ?

Mes anges doivent avoir reçu un paquet de matériaux pour la Gazette littéraire, adressé à M. le duc de Praslin. Je le servirai assurément tant que je pourrai.

Mes anges ne m’ont point mandé qu’il avait consulté MM. Gilbert de Voysins et d’Aguesseau de Fresne. Je leur ai sur-le-champ envoyé un mémoire qui n’est pas de paille, et dont je vais faire tirer copie pour mes anges gardiens, si la poste qui va partir nous en donne le temps.

N. Voici mon consentement pour ce gros Grandval ; mais pour Mlle  Dubois, comment voulez-vous que je fasse ? dites-le-moi. Je serais fort aise qu’on jouât le Droit du Seigneur, quoique je ne sois guère homme à jouir d’un si beau droit. Vous pensez bien que je ne connais Mlle  d’Épinay[1] que par le droit que les premiers gentilshommes ont sur les actrices. Pour mes anges, ils ont des droits inviolables sur mon cœur pour jamais.

  1. Voyez tome XLII, la note 1, page 308.