Correspondance de Voltaire/1764/Lettre 5713

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5713. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL.
16 juillet.

Voici, mes anges, la lettre du conjuré de Turin, qui m’est venue après le récit que vous m’avez fait de notre défaite. Je suis persuadé que M. de Chauvelin vous a écrit dans le même goût ; les conjurés en agissent rondement les uns avec les autres. Il me paraît bien difficile que mes anges, M. le duc de Praslin, M. de Chauvelin, maman, et moi (qui sommes assez difficiles), nous nous soyons tous si grossièrement trompés. Mon avis serait qu’au voyage de Fontainebleau, M. de Praslin ourdît, sous main, une petite brigue pour faire jouer les roués. Je présume qu’on ne se soucie point du tout à la cour d’humilier Poinsinet de Sivry[1], et que le ton de la pièce ne déplairait pas à beaucoup d’honnêtes gens, qui sont plus familiarisés que le parterre avec l’histoire romaine.

Amusez-vous, je vous prie, à me dire ce qui a le plus révolté ce cher parterre dans l’œuvre de Poinsinet de Sivry.

Comment se porte madame l’ange ? Respect et tendresse.

  1. Quelques personnes lui avaient attribué le Triumvirat ; voyez page 272.