Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 5953

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5953. — À M.  LE CONSEILLER LE BAULT[1].
Au château de Ferney, 20 mars 1765.

Monsieur, je reçus les cent vingt bouteilles trois jours après vous avoir exposé ma misère. Au lieu de mes doléances, recevez mes tendres remerciements. Permettez-moi de présenter mes respects au magistrat philosophe qui se démet de la place de procureur général, et à celui qui lui succède.

Je suis tout fier des bontés de Mme  Le Bault. Mme  Denis la remercie bien respectueusement, ainsi que vous, monsieur, dont les bontés me sont bien chères, et dont la santé nous est également précieuse.

Oserais-je encore vous supplier de vouloir bien ne me pas oublier auprès de monsieur le premier président, qui m’a toujours honoré de sa protection.

La justice complète rendue enfin aux Calas est applaudie de toute l’Europe, et vous n’ignorez pas à présent cette nouvelle. Cette affreuse aventure n’était point la faute du parlement de Toulouse, mais celle d’un capitoul qui est bien puni aujourd’hui de son fanatisme. Cela ne serait pas arrivé au parlement de Dijon ; il est bien doux de vivre sous ses lois.

J’ai l’honneur d’être, avec beaucoup de respect, monsieur, votre très-humble et très-obéissant serviteur.


Voltaire.

  1. Éditeur, de Mandat-Grancey. — Dictée, mais signée de la main de Voltaire.