Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6073
Si cette lettre vous trouve encore à Paris, mon cher ami, je vous apprends qu’un gros paquet, contenant des pièces essentielles pour les Sirven, que j’envoyais à M. Élie de Beaumont sous l’enveloppe de M. d’Argental revêtue encore de celle de M. le duc de Praslin, a été décacheté à la poste, et je ne sais si on l’a rendu à M. de Beaumont avec la taxe énorme de Genève, ou si on l’a retenu, ou si M. d’Argental a été vexé des frais du port. J’ai toujours recours à vous dans mes détresses. Vous verrez sans doute M. d’Argental et M. de Beaumont avant de faire ce voyage, qui fait mon espérance la plus flatteuse. J’ose vous supplier de rendre à l’un ou à l’autre les frais que cette vexation aura pu lui coûter.
Je suis bien plus en peine de l’affaire cruelle que plusieurs avocats ont suscitée à M. de Beaumont. Je ne connais guère d’injustice plus punissable. Ah ! mon cher ami, de combien d’injustices nous parlerons quand j’aurai l’honneur de vous voir ! N’oubliez pas, je vous prie, de voir Archimède[2], qui sans doute vous chargera d’un petit mot pour moi.
Nous avons demain Mlle Clairon ; mais vous savez si je préfère la philosophie à la déclamation la plus parfaite. Vous savez avec quelle impatience je vous attends. Je suis bien malade ; je ne veux de confesseur que vous.