Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6099

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6099. — À M. LE MARQUIS D’ARGENCE DE DIRAC.
30 auguste.

J’ai trop tardé, mon cher monsieur, à vous remercier de la justice que vous avez bien voulu rendre aux Calas, et de la générosité avec laquelle vous avez daigné confondre les calomnies de ce malheureux Fréron. On m’a dit qu’on avait été indigné de sa feuille ; mais, quelque horreur qu’il inspire, on le tolère, et il se fait un revenu du mépris qu’il inspire. J’aurais voulu vous envoyer une lettre de remerciement qu’on doit imprimer à la suite de la vôtre ; mais je n’ai pu en avoir encore un exemplaire.

Mlle Clairon m’a fait oublier les maladies qui persécutent ma vieillesse. Elle a joué dans Tancrède et dans Oreste sur mon petit théâtre que vous connaissez. J’ai vu la perfection en un genre pour la première fois de ma vie.

Elle est actuellement en Provence, vous auprès d’Angoulême ; ainsi je passe ma vie dans les regrets.