Correspondance de Voltaire/1765/Lettre 6197

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Correspondance : année 1765GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 149).
6197. — À M. HENNIN.
Ferney, 22 décembre.

Eh bien ! je vous disais donc, monsieur, que je suis dans mon lit, environné de neige ; que je voudrais de tout mon cœur pouvoir venir vous demander à dîner, et que Mme Denis voudrait pouvoir venir arranger vos meubles ; que je vous crois cent fois plus propre à concilier tout qu’aucun lieutenant général des armées du roi ; que vous êtes très-aimable ; que je persiste dans mes souhaits plutôt que dans mon avis ; que Jean-Jacques Rousseau n’est ni le plus habile ni le plus heureux des hommes ; que les deux partis pourraient bien avoir un peu tort ; que la meilleure médiation est de les faire boire ensemble ; que la paix est rare chez les hommes ; qu’après avoir essayé bien des choses on trouve que la retraite est ce qu’il y a de mieux ; et que dans ma retraite ce qu’il y aura de mieux pour moi, ce sera que vous vouliez bien l’honorer quelquefois de votre présence, quand vos affaires, ou plutôt les affaires d’autrui, vous le permettront ; qu’enfin je suis entièrement à vos ordres tant que je végéterai au pied du mont Jura.