Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6249
J’ai vu ce buste d’ivoire[1] mon cher ami : le buste est long, et les bras sont coupés. Il y a une draperie à l’antique sur un justaucorps : on a coiffé le visage d’une perruque à trois marteaux, et par-dessus la perruque, d’un bonnet qui a l’air d’un casque de dragon. Cela est tout à fait dans le grand goût et dans le costume. J’espère que ces pauvres sauvages, étant conduits, feront quelque chose de plus honnête.
Il y a un polisson de libraire à Paris, nommé Guillyn[2], qui demeure quai des Augustins. Je vous supplie de vouloir bien ordonner à Merlin de fournir un des six exemplaires complets à ce Guillyn, en fourrant Jeanne d’Arc, que Panckoucke doit fournir. Voici un petit mémorandum pour ce Guillyn, que votre protégé Merlin lui donnera.
J’ai une cruelle fluxion de poitrine : je ne peux ni parler, ni dormir, ni dicter, ni voir, ni entendre. Voilà un plaisant buste à sculpter ! Portez-vous bien, mon cher frère, et, soit que je vive, soit que je meure, écr. l’inf…