Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6249

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 200).
6249. — À M. DAMILAVILLE.
27 janvier.

J’ai vu ce buste d’ivoire[1] mon cher ami : le buste est long, et les bras sont coupés. Il y a une draperie à l’antique sur un justaucorps : on a coiffé le visage d’une perruque à trois marteaux, et par-dessus la perruque, d’un bonnet qui a l’air d’un casque de dragon. Cela est tout à fait dans le grand goût et dans le costume. J’espère que ces pauvres sauvages, étant conduits, feront quelque chose de plus honnête.

Il y a un polisson de libraire à Paris, nommé Guillyn[2], qui demeure quai des Augustins. Je vous supplie de vouloir bien ordonner à Merlin de fournir un des six exemplaires complets à ce Guillyn, en fourrant Jeanne d’Arc, que Panckoucke doit fournir. Voici un petit mémorandum pour ce Guillyn, que votre protégé Merlin lui donnera.

J’ai une cruelle fluxion de poitrine : je ne peux ni parler, ni dormir, ni dicter, ni voir, ni entendre. Voilà un plaisant buste à sculpter ! Portez-vous bien, mon cher frère, et, soit que je vive, soit que je meure, écr. l’inf…

  1. Ce buste de Voltaire avait été exécuté par un ouvrier du sieur Claude ; Voltaire en reparle dans sa lettre du 21 mai, n° 6346.
  2. Pierre Guillyn, né à Nemours, reçu libraire à Paris le 10 janvier 1742, mort à Montlhéry le 9 juin 1781.