Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6271

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 222-223).

6271. — DE M. HENNIN[1].
Genève, le 14 février 1766.

Je ne sais, monsieur, si je ne m’y prends pas trop tard, et si M. Racle[2] n’aura pas détruit son ouvrage. Il est convenable que je fasse dire un service dans ma chapelle[3], à l’instar de ceux des églises de France, et le cénotaphe de Ferney figurerait très-bien dans une capitale. Si donc, monsieur, il est encore à votre disposition, je vous serai très-obligé d’ordonner à quelqu’un de vos vassaux de le mettre en tout ou par partie sur une charrette et de l’apporter lundi prochain. Je me parerais de votre magnificence, et j’irais le plus tôt qu’il me serait possible vous remercier d’une complaisance qui m’épargnerait au moins l’embarras.

Rien des médiateurs. Je travaille à recevoir le nôtre convenablement, et je lui souhaite toute la patience requise. Vous devez, monsieur, voir avec plaisir que le vent du sud a déjà bruni nos campagnes ; il les fera bientôt verdir, et vous jouirez de la félicité des enfants d’Abraham. Vous verrez bondir vos troupeaux, flotter vos moissons, mûrir vos raisins. Pour moi, je serai heureux quand je pourrai aller me placer sicut novellœ olivarum in circuitu mensœ tuœ[4].

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.
  2. Ingénieur qui demeurait à Ferney.
  3. À l’occasion de la mort du dauphin, père de Louis XVI, arrivée le 20 décembre 1765.
  4. Filii sicut novellæ olivarum in circuitu mensæ tuæ. (Psalm. cxxviii. vers. 3.)