Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6360

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 304-305).

6360. — À M.  LE MARQUIS DE VILLEVIEILLE.
À ferney, 2 juin.

Les six prises que vous avez la bonté de m’adresser, monsieur, seront distribuées aux meilleurs apothicaires que je connaisse, et pourront servir à extirper le mal épidémique qui règne encore, quoiqu’il soit sur son déclin. Je ne puis trop vous remercier de votre paquet de pilules. Tout ce que je crains, c’est que, si on a envoyé le paquet par la poste, il n’ait fait le grand tour, et passé par Paris : ce qui retarderait la réception, et qui pourrait même l’empêcher.

On dit que j’ai un compliment à vous faire ; les jésuites sont chassés de Lorraine. Il y en avait un pourtant qu’il me semble qu’on peut regretter ; c’était un Écossais, homme de qualité, nommé Lesley. Il est homme de lettres, et a du mérite. Je voudrais qu’on eût conservé tous ceux qui lui ressemblent, et qu’on les eût rendus utiles au public.

On prétend que nous allons être délivrés des capucins, à moins qu’on ne leur pardonne en faveur de frère Elisée[1], prédicateur du roi. Ceux-là pourraient aussi devenir utiles en les rendant à la charrue.

Adieu, monsieur ; je vais écrire au premier secrétaire ; mais nous sommes au 2 de juin, et je tremble que les pilules n’aient été avalées par quelques malades de Paris.

  1. Le frère ou père Elisée était carme, et non capucin ; voyez page 85.