Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6369

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 311-312).
6369. — DE M. HENNIN[1].
Genève, le 21 juin 1766.

Je vous ai vu, monsieur, si touché du sort des jeunes gens d’Abbeville[2] que je crois devoir vous faire part d’une circonstance que vous ignorez. Après avoir jugé leur délit conformément aux lois de saint Louis, on a suspendu la signature de la sentence pour donner aux parents le temps de recourir au roi, qu’on espère qui commuera leur peine.

En arrivant hier de Ferney, j’ai trouvé ici un de mes anciens amis qui a, je crois, l’honneur d’être connu de vous : c’est M.  Vatel, auteur d’un bon ouvrage sur le droit des gens, mais plus estimable encore par la candeur de son âme et la sagesse de son esprit. Il a avec lui une très-jolie Polonaise dont il a fait sa femme. L’un et l’autre m’ont prié de vous les présenter, et, si vous le permettez, nous prendrons un des jours de la semaine prochaine.

Je voudrais bien arriver toujours à Ferney remparé d’un élu tel que celui que j’ai conduit hier ; mais comme il est plusieurs demeures dans le palais de l’Éternel, les gens de mérite et les jolies femmes y auront sans doute leur coin. H.

  1. Correspondance inédite da Voltaire avec P.-M. Hennin, 1825.
  2. Le chevalier de La Barre et Morival d’Étallonde.