Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6392

La bibliothèque libre.
Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 331-332).

6392. — DE M.  HENNIN[1].
À Genève, le 9 juillet 1766.

Ce n’est pas le tout, monsieur, que d’être philosophe, il faut être exact, surtout quand on est ambassadeur. Voilà pourquoi Son Excellence ne pourrait pas vous promettre d’aller dîner à Ferney quand sa santé le lui permettrait. Un prince d’Allemagne et un ambassadeur de France sont d’ordinaire assez incompatibles. L’un et l’autre ont des droits qui ne sont stipulés nulle part, et des prétentions que bien des gros livres n’ont point éclaircies. Je ne suis pas, moi chétif, sans avoir aussi quelques entraves ; mais je saurai les secouer pour me rendre dans ce château que vous dénigrez tant depuis qu’il prend la forme d’un palais. M.  de Taulès sera vraisemblablement de la partie, à moins que les affaires ne le retiennent ici.

Ou assure que M.  le prince de Brunswick sera ici ce soir ou demain ; c’est tout ce que j’en sais. Je souhaite fort, monsieur, être à portée de m’acquitter vis-à-vis de ce prince de ce que vous paraissez désirer de ma part ; mais ne vous inquiétez point. Depuis que la philosophie et les Muses habitent sur la terre, jamais elles n’y ont paru en aussi bonne posture.

On dit que monsieur le professeur[2] n’aura point de réponse ; mais qu’on lui offrira, s’il le veut, une attestation de vie et de mœurs.

Vous auriez dû, monsieur, retrancher dans le papier que vous m’avez remis, et dont je n’ai fait aucun usage, ces mots : Je me réserve, qui lui donnent l’air d’une parodie[3]. Mes respects à vos dames.

  1. Correspondance inédite de Voltaire avec P.-M, Hennin, 1825.
  2. Le professeur Vernet.
  3. Il s’agit de la Déclaration qui est, au tome XXV, page 499.