Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6472

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 399-400).

6472. — À M. LE CLERC DE MONTMERCY.
25 auguste.

Il est vrai que je n’écris guère, mon cher confrère en Apollon. Les horreurs qui déshonorent successivement votre pays m’ont rendu si triste ; il y a si peu de sûreté à la poste, et toutes les consolations sont tellement interdites, que je me suis tenu longtemps dans le silence. Les persécuteurs sont des monstres qui étendent leurs griffes d’un bout du royaume à l’autre ; les persécutés sont dévorés les uns après les autres. S’il y avait un coin de terre où l’on pût cultiver la raison en paix, je vous prierais d’y venir ; et je ne sais encore si vous l’oseriez. Conservez-moi votre amitié, détestez le fanatisme, écrivez-moi quand vous n’aurez rien à faire, et que vous aurez quelque chose à m’apprendre. Ma vie serait heureuse dans mes déserts, si les gens de lettres étaient moins malheureux dans le pays où vous êtes.

Comptez surtout sur mon amitié inaltérable.