Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6481

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 407-408).
6481. — À M. LACOMBE.
Auguste.

Vous êtes trop bon, monsieur, et je ne prétends point du tout qu’il vous en coûte pour m’envoyer des livres ; passe encore si vous les aviez imprimés. Épargnez-vous, je vous en supplie, les frais d’une gravure pour une brochure qui, entre nous, n’en vaut pas trop la peine. Je vous dirai franchement que la pièce[1] m’a paru plutôt une satire de Rome qu’une tragédie. Je ne puis penser qu’une pièce de théâtre sans intérêt se fasse jouer ni lire. Les notes m’ont paru plus intéressantes que la pièce. Une estampe vous coûterait beaucoup, ne ferait nul bien à l’édition, et n’en augmenterait point le prix.

Je vous prie d’ailleurs de considérer que la représentation d’un orage ne caractérise point les proscriptions de trois coquins. Cet orage m’a paru fort étranger au sujet : j’aimerais mieux, dans une tragédie, un beau vers qu’une belle estampe. Enfin je sais que vous ferez plaisir à l’auteur de ne vous point mettre en frais pour cette bagatelle. Toutes vos lettres augmentent les sentiments d’estime et d’amitié que vous m’avez inspirés.

  1. Le Triumvirat ; voyez tome VI, pape 175.