Correspondance de Voltaire/1766/Lettre 6635

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Correspondance : année 1766GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 44 (p. 558).

6635. — À M. DAMILAVILLE.
24 décembre.

Voici, mon cher ami, la lettre que m’a écrite M. de Courteilles à votre sujet. Il faudra bien, tôt ou tard, qu’on fasse quelque chose pour vous ; mais il est bien nécessaire que M. de Courteilles vive.

Je ne perdrai pas patience ; j’attendrai le mémoire de M. de Beaumont. Quiconque désire passe sa vie à attendre.

Je suis très-fâché de la maladie du pauvre Thieriot. Il est seul ; les dernières années de la vie d’un garçon sont tristes. Il faudrait qu’il fût dans le sein de sa famille.

Il y a, mon cher ami, actuellement à Genève cent pauvres diables qui écrivent beaucoup mieux que M. Totin, et qui ne sont pas plus riches. Tout commerce est cessé, La misère est très-grande. Je suis d’ailleurs entouré de pauvres de tous côtés. Si vous voulez pourtant donner un louis pour moi à ce Totin, vous êtes bien le maître.

On dit que la tragédie suisse[1] ne vaut rien, quoiqu’on y parle le langage de la nation. Il n’y a, de toutes les histoires de pommes, que celle de Pâris qui ait fait fortune.

Je me doutais bien que Sa Majesté trouverait la convocation des pairs au parlement de Paris, pour un procureur général au parlement de Rennes, extrêmement ridicule. Il y a assurément plus de raison dans sa tête que dans toutes celles des enquêtes.

Je vous embrasse très-tendrement.

  1. Le Guillaume Tell de Le Mierre.