Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6705

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 75-76).
6705. — À M. DAMILAVILLE.
30 janvier.

Quoi que vous en disiez, mon cher ami, et quoi qu’on en dise, nous serons toujours dans des transes cruelles. Cette affaire[1] peut avoir les suites les plus funestes, puisqu’on a manqué d’arrêter le mal dans son principe. Je m’abandonne à la destinée : c’est tout ce qu’on peut faire quand on ne peut remuer, et qu’on est dans son lit, entouré de soldats et de neige.

M. Chardon me mande qu’il a trouvé le mémoire de M. de Beaumont pour les Sirven bien faible. Vous étiez de cet avis ; il est triste que vous ayez raison.

Nous sommes délivrés de la famine par les soins de M. le duc de Choiseul.

J’ai tellement refondu mes Scythes que l’édition de Cramer ne peut plus servir à rien, et qu’il en faut faire une autre. Voici la préface, en attendant la pièce. J’ai été bien aise de rendre un témoignage public à Tonpla[2]. Ce n’est pas que je sois content de lui : on dit qu’il laisse élever sa fille dans des principes qu’il déteste ; c’est Orosmade qui livre ses enfants à Arimane ; ce péché contre nature est horrible. Je me flatte qu’il sévrera enfin un enfant qu’il a laissé nourrir du lait des furies.

On dit des merveilles de mon confrère Thomas. Je vous supplie d’envoyer l’incluse à votre ami[3].

Adieu, je souffre beaucoup, mais je vous aime davantage.

  1. Toujours l’affaire Le Jeune.
  2. Diderot.
  3. Diderot ; cette lettre manque.