Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6734

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 101-102).
6734 — À M. L’AVOYER DE BERNE[1].
10 février 1767, au château de Ferney, par Genève.

Monsieur, je crois remplir mon devoir, et je satisfais en même temps mes sentiments respectueux pour votre gouvernement en avertissant Votre Excellence de libelles diffamatoires que quelques séditieux, partisans secrets de Jean-Jacques Rousseau, font imprimer journellement à Yverdun au mépris de toutes vos lois. Ces libelles sont plus dangereux dans ces temps de fermentation que dans tout autre. On m’avertit que c’est le professeur Felici qui les fait imprimer[2]. Il n’est tombé une feuille d’un de ces libelles entre les mains avec une lettre d’un garçon imprimeur nommé La Roche, qui est employé par ce professeur Felici : ce garçon, qui paraît honnête, semble indigné lui-même des manœuvres auxquelles on l’emploie, et mérite par là probablement votre protection. Je me flatte que Votre Excellence me saura gré de ma démarche. Votre gouvernement et tous les particuliers ont intérêt que de tels délits soient réprimés. Je n’oublierai jamais les bontés dont j’ai été honoré dans vos États.

J’ai l’honneur d’être avec beaucoup de respect, monsieur, de Votre Excellence le très-humble et très-obéissant serviteur.

Voltaire.

  1. L’Amateur d’autographes, année 1872, page 95.
  2. L’opuscule du professeur Felici portait le titre d’Étrennes aux désœuvrés, et le contenu en était si innocent que la confiscation fut aussitôt révoquée.