Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6761

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 125-126).
6761. — À M. COLINI.
Ferney, 20 février.

Êtes-vous actuellement à Paris, mon cher ami ? Je vous écris à l’adresse que vous m’avez donnée. J’ignore l’objet de vos voyages ; mais, quel qu’il soit, je vous en félicite, puisque vous ne les avez entrepris sans doute que pour le service de votre aimable souverain. Le rude hiver que nous avons essuyé a achevé de ruiner mon faible tempérament ; j’éprouve tous les maux de la décrépitude ; consolez-moi par le récit de vos plaisirs, et par les assurances de votre amitié.

Les tracasseries de Genève ont fait un peu de tort au petit pays que j’habite ; elles ne nous ôteront pas le bel aspect dont nous commençons à jouir. Si notre climat est cruel l’hiver, il est charmant dans les autres saisons. La jouissance de la campagne et de la liberté est le plaisir de la vieillesse. L’idée d’être toujours aimé de vous redouble ce plaisir et adoucit tous mes maux.