Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6790

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 159-160).
6790. — À M. LE COMTE D’ARGENTAL[1].
13 mars.

Mes anges et M. de Thibouville sauront donc que M. d’Hermenches vient de jouer Athamare à Lausanne avec un très-grand succès ; et qui est M. d’Hermenches ? Un major suisse[2], qui a beaucoup d’esprit et qui a une femme très-aimable, laquelle a joué très-bien Obéide. Nous jouons sur le théâtre de Ferney dans quatre jours ; on donne les Scythes à Genève, on les donne à Lyon ; messieurs de Paris, faites comme il vous plaira.

Je me suis aperçu qu’il y avait deux fois dangereux en trois vers, page 13, dans le rôle d’Hermodan :

D’aucun soin dangereux la paix n’est altérée.


Corrigez :

Jamais de tristes soins la paix n’est altérée.
La franchise, qui règne en nos déserts heureux,
Fait mépriser ta cour et ses fers dangereux.

Acte quatrième, scène de l’embaucheur, il faut absolument ôter ce vers :

Nous te traitons en frère, et ta férocité,
Etc.

On dit beaucoup, au cinquième acte, que les Scythes sont féroces ; il ne faut pas qu’on dise, au quatrième acte, que les

Persans sont féroces aussi. Voici comme nous avons corrigé :

Quoi ! nous t’avons en paix reçu dans ma patrie,
Ton accueil nous flattait, notre simplicité
N’écoutait que les droits de l’hospitalité,
Et tu veux me forcer dans la même journée, etc.

M. de Thibouville est prié d’ajouter à toutes ses bontés celle de faire porter sur les rôles ces petites corrections.

J’ai envoyé à Lekain un résumé de tous les changements, afin qu’il les confronte.

N. B. Il se pourrait qu’on crût que ce vers, dans le premier acte :

Dans le secret du cœur ne puisse entretenir[3]

  1. Éditeurs, de Cayrol et François.
  2. Constant d’Hermenches.
  3. Le reste de cette lettre manque.