Correspondance de Voltaire/1767/Lettre 6827

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Correspondance : année 1767GarnierŒuvres complètes de Voltaire, tome 45 (p. 201).
6827. — À M. ***[1].
6 avril 1767.

Je comptais, monsieur, vous remercier de jour en jour en connaissance de cause, et vous parler du plaisir que m’aurait fait le livre que vous avez bien voulu m’envoyer, mais je ne l’ai point encore reçu. Il est, depuis près de trois semaines, à la douane de Lyon. Il n’y a plus de communication entre Lyon et Genève. Votre livre est arrêté avec du vin de Bourgogne. Passe encore pour du vin, mais je ne puis supporter qu’on me prive d’un ouvrage dont on m’a dit tant de bien, et dans lequel j’espérais m’instruire. Je fais beaucoup plus de cas de mon âme que de mon gosier, et je consens que les soldats qui m’entourent boivent mon vin, pourvu que je vous lise.

Au reste, que puis-je vous répondre sur l’article de J.-J. Rousseau, sinon que je le plains beaucoup d’avoir insulté ses amis et ses bienfaiteurs, d’avoir manqué à sa patrie et d’avoir mérité l’indignation des ministres à qui nous devons la paix.

J’ai l’honneur d’être, monsieur, avec tous les sentiments que je vous dois, etc.

  1. Éditeurs, Bavoux et François.